Yves Saint Laurent en toute transparence !
En photo : Yves Saint Laurent : transparences © Musée Yves Saint Laurent Paris // Collection haute couture Printemps-été 1996 © Yves Saint Laurent © Guy Marineau © Estate Jeanloup Sieff
YVES SAINT LAURENT : TRANSPARENCES
Le pouvoir des matières
Jusqu’au 25 août 2024
Musée Yves Saint Laurent Paris, 5, avenue Marceau, 75116 Paris
museeyslparis.com
C’est la suite d’un récit entamé l’été dernier à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais, et présenté ici à Paris, au Musée Yves Saint Laurent. Si la transparence est, en théorie, incompatible avec la fonction même du vêtement, censé revêtir le corps, le dissimuler ou le protéger, Yves Saint Laurent a lui toujours été attiré par cette contradiction. Dès les années 1960, le couturier s’empare des matières comme l’organza, la Cigaline®, la dentelle, le tulle ou encore la volatile mousseline qu’il associe avec talent à des broderies, plumes ou autres tissus. Avec audace et pendant quarante années de création, il réconcilie les antagonismes permettant aux femmes d’affirmer leur corps avec fierté, liberté et insolence : « les transparences, je les connais depuis longtemps. L’important, avec elles, c’est de garder le mystère…. Je pense avoir fait le maximum pour l’ émancipation des femmes. J’ai créé des vêtements qui entrent tout à fait à leur aise dans le XXIe siècle ». Parmi la quarantaine de pièces exposées, on admire des créations iconiques de l’histoire de la révélation du corps féminin chez YSL, comme la première blouse seins nus, baptisée par la presse américaine la See Through Blouse (Chemisier transparent, en français) du printemps–été 1968 ou la Nude Dress (Robe nue), une robe de mousseline noire ceinturée de plumes d’autruches. Croquis, patrons, photos, accessoires… mais aussi une série de dessins inspirés par les peintures de Goya, rappellent le travail exploratoire et subtil du couturier. En résonance à ses créations, ce sont également de sublimes œuvres d’artistes modernes et contemporains (Anne Bourse, Man Ray, Picabia…) qui ponctuent le parcours de cette exposition. Assurément… suggestive et éblouissante !
Robe de soir. Portée par Tatiana Nikiforova.
Collection haute couture Printemps-été 1996.
© Yves Saint Laurent © Guy Marineau © Estate Jeanloup Sieff
Croquis original d’une robe de soir.
Collection haute couture automne-hiver 1970.
© Yves Saint Laurent
Robe de soir. Portée par Danielle Luquet de Saint Germain.
Collection haute couture automne-hiver 1968. Photographie de Peter Caine. ©Yves Saint Laurent. © Peter Caine (Sydney)
Ode à la fluidité !
Dans les ateliers de couture dits « flous », en opposition à ceux des « tailleurs », la transparence donne toute liberté au corps, lui permettant de se mouvoir sans contrainte. Elle révèle les lignes de construction d’un vêtement (avec l’organdi notamment) permettant de structurer le corps, à l’instar des patrons sur calque présentés ici pour la 1ère fois. Plusieurs silhouettes de mariées avec leurs voiles de tulle ou de dentelle, constamment réinventés par YSL, clôturent en beauté l’exposition. Ce dernier aimait en effet donner une touche finale souvent anticonformiste à ses fins de défilé.
« La haute couture,
c’est la matière […] »
Yves Saint Laurent (Le Monde, 1983)
Portrait nu d’Yves Saint Laurent pour la publicité
de sa première eau de toilette pour homme, Paris, 1971.
Photographie de Jeanloup Sieff © Estate Jeanloup Sieff
Smoking. Porté par Danielle Luquet de Saint Germain.
Collection haute couture printemps-été 1968. Photographie de Peter Caine. ©Yves Saint Laurent © Peter Caine (Sydney)
Robe de mariée. Portée par Mayaan Keret,
collection SAINT LAURENT rive gauche automne-hiver 1994.
© Yves Saint Laurent © Guy Marineau
La dentelle,
permet à YSL de dévoiler avec subtilité, le corps de la femme. Une poitrine, une hanche, le haut ou le bas du dos sont tour à tour découverts donnant à la femme de l’assurance, voire une certaine provocation. Les dentelles visibles sur les tableaux de Francisco de Goya (1746-1828) ont directement inspiré le couturier qui les reprend dans ses carnets à dessins dans les années 1960, puis dans ses collections au début des années 1970 ou en 1981
Robe de soir. Portée par Nina Heimlich.
Collection haute couture automne-hiver 1970. Dernier défilé.
Centre Pompidou, Paris, 22 janvier 2002.
© Yves Saint Laurent © Guy Marineau.
Yves Saint Laurent et Vesna Laufer. Lors de
la préparation de la collection haute couture automne-hiver 1974,
5 avenue Marceau, Paris, juillet 1974, photographie de Pierre Boulat.
© Pierre Boulat /Ass. Pierre & Alexandra Boulat
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Carine Bruet
©Courtesy of Burberry